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politique du logement à Evreux
Une politique du logement pour le moins déconcertante !
La société d'aujourd'hui se doit d'apporter une réponse opportune aux défis pour la sauvegarde de la planète.
Tous les gaspillages sont intolérables et celui des logements en particulier.
Touchant les personnes les plus démunies, mais pourtant celles dont l'empreinte carbone est deux fois moindre que celle moyenne des français(*), c'est une injustice de plus à leur égard. Et un non-sens face au dérèglement climatique !
(*) 4t/an/habitant contre 8,2 t/an/habitant en 2020
Jacques Caron, habitant de la Madeleine depuis 50 ans, Maire-adjoint honoraire d’Évreux, Attaché de l'INSEE (honoraire) explique :
à Évreux, c'est une politique du logement déconcertante, pour ne pas dire scandaleuse, qui mérite réflexion.
La preuve par 9 avec le NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain) de Nétreville.
Alors que les besoins en logements sont importants :
- pour les personnes seules (cela concerne une demande de logement sur deux)
- pour les personnes vivant avec de faible ressources et sans voiture.
Alors que l’état prône une politique de revitalisation des villes moyennes, de réduction des emprises sur les terres agricoles,
que fait-on à Évreux ? Tout le contraire !
Le dessous des cartes
Déjà l’ANRU n°1 de la Madeleine nous avait appris qu’à Évreux, la politique de rénovation urbaine ne consistait pas à détruire pour reconstruire la ville sur la ville, mais à construire en périphérie.
La théorie de l'Agence de rénovation urbaine, à savoir :
« un logement construit pour un détruit »,
a eu pour résultat (1000 logements détruits ) des conséquences dramatiques pour l'évolution de la Ville !
Nombre de ces logements récemment rénovés ont été remplacés :
par des friches, et une perte de quelques 4000 habitants de la ville,
par la disparition des services du quartier de la Madeleine (banques et un collège),
un réseau de chaleur à 90% d’énergie renouvelable précarisé,
et un bailleur social, Eure Habitat, en difficulté financière.
Nous avions aussi compris que l’argent du collecteur du 1% logement (**), que nos parents avaient initié pour résorber la crise du logement, servait à financer à 95%, la destruction des immeubles.
(**) Argent des collecteurs de la taxe sur les salaires pour le logement (Ex Action logement)
En revanche, les reconstructions l'étaient à seulement 10%, pour laisser la place à l’argent des banques, prêté aux bailleurs sous garantie des collectivités locales.
Détruire les biens amortis, pour que 50% des loyers servent aux remboursement des emprunts a été ainsi la ligne directrice de feu, Eure Habitat.
Nous avions également constaté que l’argent du 1% logement destiné aux équipements sociaux culturels du quartier, servait à financer le siège de la communauté d’agglomération, la Maison de la solidarité du conseil départemental …
A Nétreville on fait mieux !
Le financement des destructions se fait à 100% avec le 1% cité plus haut, mais la reconstruction des logements sociaux détruits se fait à l’extérieur d’Évreux.
Elle est de 0% à Evreux.
Que détruit-on ?
Les 150 LOPOFA qui avaient servi à reloger pour partie, les personnes à faibles ressources. Les 150 LOPOFA de St Michel et les LOPOFA de Navarre, ces derniers immeubles annoncés en péril, et finalement revendus - en dérogation à la loi ! -, à un privé qui a trouvé la structure et l’emplacement d’excellente qualité !
A Nétreville, c'est l'immeuble Champagne que l'on veut détruire par un avenant au contrat. Cet immeuble est le mieux situé, proche du centre du quartier, face au magnifique panorama de la ville avec un square, de très beaux arbres, une excellente aire de jeux.
Il est de construction robuste « Coignet » en bon état d’entretien : double vitrage, relié au chauffage urbain, immeuble sans vacance, 58 logements occupés sur 60.
L’immeuble n’a qu’un défaut : des loyers trop bas !
212 euros pour un F2, 110 euros de charges eau et chauffage compris,
immeuble accueillant des familles à bas revenus,venant parfois de loin, parfois de près, par exemple,
les gens des Lopofa de Nétreville détruits il y a un an !
La Ministre du logement Sylvia Pinel, en visite dans le quartier, avait déclaré le 7/01/2015 :
« Rien ne se fera sans l’avis des locataires ».
Là, rien n’a été réellement dit au sujet du projet de destruction de l'immeuble « le Champagne », dans le protocole de préfiguration,
- rien n'a été annoncé dans le contrat de la convention pluriannuelle du projet de renouvellement urbain d’Évreux signé le 4 octobre 2018,
- rien n’est publié sur le site national de l’ANRU,
Seule une décision prise en vidéo-conférence
pendant la Covid en a décidé ainsi :
- détruire des logements dont les loyers sont adaptés aus ressources du locataire,
- déplacer les populations,
- réduire le reste à vivre,
Cela se passe à Évreux !
Cela se fait même avec la complicité des élus, y compris de l’opposition, par un vote à l’unanimité au conseil municipal du 14 mars 2022 !
Seule la première adjointe, Présidente de « Mon Logement » s’est abstenue pour ne pas nuire à la légalité de la délibération.
Zéro reconstruction de logement sociaux,
déplacement des populations pauvres vers d’autres
logements plus chers,
pourquoi ?
Est-ce parce qu’il est scandaleux qu’à Évreux, une personne vivant de minima sociaux, puisse être logée dans un F2 pour quelques 300 € par mois, chauffage et eau compris, dont 210 € ouvrant droit à l’APL ?
Est-ce qu’il est intolérable de maintenir des logements à prix abordable ?
Et de poser la question : comment les bailleurs privés vont-ils louer le même logement à
…. 600 € par mois ?
Comment comprendre le choix de détruire 60 logement sociaux amortis, bien situés dans un parc urbain, pour construire 10-15 pavillons, nécessitant au passage l'abattage de magnifiques arbres ?
A moins que ce soit comme à la Madeleine, où dix ans après, la destruction de l’immeuble Forez, a laissé place à une friche, malgré les engagements de la Foncière logement ; celle-ci a pourtant bénéficié de la remise gratuite du foncier, pour implanter du logement privé !
Pourquoi déplacer les habitants du quartier, des rapatriés d'Afrique du nord, (population à faible ressource, d’origine étrangère maintenant bien enracinée, population aux divers handicaps, qui vivent dignement dans un environnement de qualité) alors qu'ils sont bien insérés, au risque de les déstructurer ?
Depuis bientôt 50 ans, on sait que ce n’est pas la densité de la population qui génère la délinquance,
mais l’instabilité de l’habitat !
Le 1% logement est totalement détourné de son objet, et pire, utilisé à détruire ce qui sert utilement, c'est à dire :
déplacer les populations les plus vulnérables, celles dont les liens sociaux aident à vivre,
faire disparaître toutes traces des familles à identité populaire,
détruire la ville pour sanctifier l’individualisme,
créer des besoins non satisfaits,
chasser les pauvres.
Oui, cela se pratique à Évreux,
dans un consensus quasi général !!
Jacques Caron