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L'agriculture en 2040 !!
Léon Curial, agriculteur biologique, intervenant des Jardiniers de l'Eure et adhérent à ENE a été invité par la Chambre d'Agriculture de l'Eure, à trois réunions organisées pour répondre au défi de l'agriculture en 2040. La première a eu lieu le 10 Mars 2023.
Vous pourrez lire ci-dessous, la présentation qu'il a faite de son histoire et de son idéologie, lors de cette première réunion.
Il nous livre, ici, son opinion sur le sujet.
« Merci de me donner la parole.
Excusez mon émotion, d'être propulsé à la place où je suis aujourd'hui.
Je voudrais tout d'abord vous féliciter et vous remercier de votre initiative. En effet, quoi de plus noble que ce secteur économique qui, tout en nourrissant les hommes, contribue grandement à la conservation de la nature, essentielle à la survie de la planète.
Mission que jusqu'ici vous remplissiez gratuitement, pendant que d'autres secteurs qui la dégradent gravement, empochent des Milliards de dividendes.
Nous aurons le loisir d'y réfléchir, je l'espère.
J’ai conscience d’être un cas particulier dans votre groupe, de par mon âge et la vie que j’ai connue.
Je me permets quelques mots, pour vous expliquer mon parcours :
Je suis né en 1941 dans une famille de tous petits agriculteurs,
7 ha, 5 vaches, 1 vieux mulet, 15 quintaux de blé produits, pour nourrir la famille de 5 enfants,.
Dès ma naissance, j’ai connu l’occupation, la résistance, le rationnement … oui, les cartes de rationnement ont existé jusqu’en 1949.
De mon enfance, je n’ai que des souvenirs de bonheur, de solidarité, d’entraide. La sobriété heureuse, quoi.
C’est sur ces fondations là, que j’ai construit ma vie et fait de moi, ce que je suis aujourd’hui.
La perspective de 2040 ??
Pour penser l’agriculture de 2040, je m’inspirerai des recommandations de deux personnes, entre autres, intervenues à l'époque où je tentais d'implanter l'agriculture biologique dans le département.
- Je citerai en premier, Jacques POLY
Lors de son accession à la présidence de l’INRA (Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation) en 1978, il évoquait les trop rapides et importants progrès accomplis par l'agriculture.Ces progrès menaçaient de faire rejeter cette nouvelle agriculture, par la population.
Il prôna, à l'inverse, une agriculture plus économe et plus autonome.
Il n’y a pas de liberté sans autonomie.
L'année que nous venons de vivre le confirme. Nul ne peut dorénavant le nier.
Peut-être sa réflexion a-t-elle inspiré le concept d'une agriculture raisonnée ?
Un des vocables de l'agriculture, les plus connus aujourd'hui, hors du monde agricole, avec un autre que je ne citerai pas, ici, mais dont nous devrons parler aussi.
- La 2ème personne, c’est Francis CHABOUSSOU
Francis CHABOUSSOU, Directeur honoraire de Recherche à l’INRA où il a travaillé près de 50 ans. Il y a établit sa théorie de la Trophobiose, selon laquelle « Tout parasite ne devient virulent que s’il rencontre dans la plante les éléments nutritionnels qui lui sont nécessaires. Il expliquait que, en modifiant la nature de la sève de la plante, les pesticides les rendaient vulnérables aux attaques des parasites qu'ils étaient censés protèger. »
Son livre, « Les plus malades des pesticides » est encore en vente.
L’expérience actuelle de différents réseaux d'agriculteurs, certains depuis plus de 20 ans, dans le département, apporte sur le terrain les preuves des bien-fondés des travaux de F.CHABOUSSOU.
Qu’a-t-on fait depuis ces 40 dernières années, de ces précieux enseignements?
Mon vœu, en me présentant à vous, est que les idées et théories de ces deux personnes soient prises en compte dans nos travaux.
En effet, aujourd'hui, l'agriculture est à une croisée des chemins comme elle n'a jamais connue.
Mon choix est fait :
pour une agriculture à taille humaine,
avec des femmes et des hommes, issu(e)s ou non du milieu agricole,
Agriculture, qui en plus de sa fonction nourricière,
aura la lourde tâche de perpétuer un milieu favorable à
la survie de notre planète, et partant, de notre espèce.
Nous aurons tout le loisir, je l'espère, d'aborder ces sujets dans nos travaux. S'il en était besoin, des travaux de l'INRAE, dans notre département le montrent »
Léon CURIAL