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10 ans d'agroforesterie dans l'Eure
ENE a assisté à la présentation de la technique de l'agroforesterie organisée par la chambre d'agriculture et « l'Association pour une Dynamique Agroforestière en Normandie » (l'ADAN).
Pierre Gegu, Exploitant agricole à Villiers en Désoeuvre (hameau de Chanu), nous a fait visiter sa parcelle de 7 hectares, sur laquelle il mène cette technique depuis 10 ans.
L'agroforesterie, qu'est ce que c'est ?
C'est un mode de production agricole associant, sur une même parcelle, des plantations d'arbres à des cultures ou des animaux, dans la perspective d'effets bénéfiques réciproques.
« Le paysan normand, comme dans d'autres contrées, s'est servi de l'arbre pour diversifier ses productions et les protéger en établissant un microclimat. Il a indirectement favorisé une forte biodiversité. Cependant, la mécanisation, l'agrandissement des exploitations et le drainage ont parfois bousculé les paysages avec une spécialisation des productions. Depuis quelques années, la prise de conscience de la dérégulation climatique, de l'érosion et de l'importance de la qualité des eaux souterraines comme de l'alimentation nous amène à retravailler les fondamentaux de l'agronomie. L'arbre est un maillon important à cette réflexion »
Propos de Pierre Gégu, président de l’ADAN en Mars 2018.
Les arbres peuvent être en bordure (haies bocagères) ou dans la parcelle. L'agroforesterie vise à renforcer les mécanismes de régulation biologique, à augmenter la résilience des sols et à optimiser l'utilisation des ressources naturelles.
Agir sur la ressource en eau :
L'arbre joue un rôle de filtre en récupérant une partie des éléments non utilisés par les cultures. Il permet une meilleure exploitation de l'eau souterraine et une meilleure capacité de stockage des eaux pluviales.
Contribuer à la qualité des paysages :
L'arbre est un élément structurant de l'identité paysagère rurale. Il contribue à l'amélioration du cadre de vie.
Protéger et augmenter la fertilité des sols :
L'arbre offre une protection mécanique contre l'érosion. Il apporte au sol de la matière organique grâce à la décomposition des feuilles et des racines.
Diversifier les productions :
L'arbre peut être valorisé de différentes façons : production de bois d’œuvre, de bois énergie, de bois de service, de BRF (bois raméal fragmenté : mélange de résidus, de broyage de rameaux de bois frais et de jeunes branches), sans oublier les fruits, le miel.
Agir pour le climat :
L'arbre joue un rôle bio-climatiseur en atténuant les extrêmes climatiques, tant pour les animaux d'élevage que les cultures. Grâce au stockage de carbone, il contribue aussi à la lutte contre le changement climatique.
Favoriser la biodiversité dont les auxiliaires des cultures :
L'arbre sert de refuge, de garde à manger et de maternité pour la faune sauvage et la flore.
L'agroforesterie joue également un rôle, pour une transition douce entre les espaces : elle assure les relations entre les espaces agricoles et les autres milieux (forestiers, urbains et naturels). Et, elle pérennise et valorise les paysages agricoles aux portes des villes.
ENE soutient ce mode de production.
En effet, les cultures sont menées sans utilisation de produits phytosanitaires et la présence des arbres, avec leurs racines et leurs feuilles et la restitution des résidus, compense l'impact carbone des labours. (constat de la mesure de la biomasse produite au bout de 10 ans).
De plus, ce mode cultural procure la satisfaction de réentendre les oiseaux, d'observer les colonisateurs !
Gageons sur le capital sympathie qu'il pourrait engendrer auprès du grand public !
Il reste cependant des actions de sensibilisation à mener et de l'information à donner !