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LE PROJET DU DEBUT DES ANNEES QUARANTE
9 et 10 Juin 1940 …bombardement d’Evreux.
Le centre d’Evreux est un amas de ruines fumantes …
Aujourd’hui, les lendemains de catastrophes sont pleins de gyrophares, de sirènes et d’affairement des sauveteurs. Mais le 11 Juin 40, personne ou presque, et le silence. La population a fui devant les bombes incendiaires et il n’y a plus de pompiers. Ils sont partis avec leur matériel, à Vernon ou à Rouen où ils aideront leurs collègues, d' autres vers le Sud … Evreux brûlera pendant deux semaines.
Les gravats ont glissé dans les rues maintenant ensoleillées. Des rues dont on peine à deviner les tracés.
Des perspectives nouvelles, avec le beffroi, là-bas, qu’on ne voyait pas « avant » …
Seul rassemblement, celui de plusieurs milliers de soldats français, débandés, qui peu à peu sont dirigés par la Maréchaussée vers les plaines d’Arnières où l’allemand viendra dans quelques jours les capturer.
Et l’Occupation, avec ses misères, ses renoncements et la vie qui continue : pas d’essence ? Pas grave, il n’y a pas de voitures ! Pas de camions ni de routes ? Pas grave, il y a le chemin de fer et cette chose qui a disparu de nos jours, au moins en tant qu’expression courante : les wagons de marchandises !… Aujourd’hui les marchandises sont sur les routes et dans des camions … Le progrès !…
Cette ville, réduite à un immense tas de gravats, représente un souci pour l’occupant : comment acheminer des troupes de renfort de l’Est vers la côte ? Car les Alliés pourraient bien débarquer en Normandie.
La traverser après l’avoir passée «au Bull» ? Pourquoi pas ?
Passer par Rouen ? Pas le plus rapide !
Passer plus au Sud ?
Franchement, nous n’avons pas consulté les archives de l’armée allemande sur le sujet, mais, en toute logique, ce sont les questions qu’a dû se poser son État-major.
Toujours est-il qu’en 1943 (1), le sujet est à l’ordre du jour du Conseil Municipal d’Arnières-sur-Iton (2), certainement chargé par l’occupant d’apporter une solution à ce problème de « civils »
On connait la suite : ça a tardé … les Alliés ont débarqué … les Allemands ont eu du mal à acheminer des renforts … la France a été libérée …
Donc, déjà en 1944, ce fut une bonne chose qu'Evreux n'ait pas eu de déviation !
1. R.Plaisance, dans le bulletin municipal du 4/98, date le 1er projet en 1937, et le conseil municipal comme étant celui d'Arnières et non Evreux. Pas vraiment important, mais le titre de l'article vaut d'être remarqué : « Avec la Déviation, Evreux vivra mieux !». Faire croire cela évite d’avoir à s’interroger sur le départ de l’industrie et le nécessaire redéploiement du développement de la ville vers des activités tertiaires (éducation- santé).
2.Voir plans en annexe. Il est limité au territoire communal d'Arnières. On peut donc penser que cette étude a son pendant à la mairie d'Evreux.