Vous êtes ici
Enquête publique PDU : notre déposition
Après lecture minutieuse du dossier par les membres de ENE, il nous apparait que si les diagnostiques sont plutôt bien étayés , les solutions proposées aux citoyens sont rares et peu innovantes .
Dans cette contribution, nous regrouperons nos remarques et propositions en six points suivis de notre conclusion .
1- Le PDU est davantage un projet pour le centre ville d’Evreux que pour l’agglomération
En effet, s’il apporte un bilan objectivé de la circulation et du stationnement en centre historique de la ville avec quelques propositions d’aménagement pour la circulation des bus et un meilleur usage des aires de stationnement, ce PDU est curieusement silencieux sur l’évolution récente de la ville et du territoire de l’agglomération :
- l’arrêt de la croissance démographique et de celle de l’emploi,
- l’éclatement de la ville avec deux zones nouvelles non prises en compte: la zone commerciale du Long Buisson et celle de l’hôpital de Cambolle.
- la destruction massive du quartier le plus dense de la ville, à savoir le quartier de la Madeleine avec plus de 1000 logements détruits en 10 ans.
Il est également à noter que si la nouvelle gare SNCF au nord de la ville se réalise, comme le projet B de la nouvelle ligne Paris Normandie (LNPN) le suggère, cet éclatement se renforcerait encore.
Donc , pour ENE , ce PDU n'est pas porteur d'une véritable politique de déplacements en commun entre les communes tenant compte des déplacements domicile-travail, domicile-lieux de loisirs, domicile-pôles de santé, domicile-établissements scolaires, compatibles avec les possibilités économiques de notre agglomération.
2- Le PDU ne répond pas aux objectifs de déplacements doux qu’il affiche
Les remarques précédentes de l’éclatement de l’agglomération montrent que la voiture individuelle reste privilégiée.
Globalement ce PDU ne répond pas à la demande forte des habitants de réduire les coûts des déplacements, pas plus qu’il ne répond aux objectifs d’économie d’énergie et de réduction des émissions des gaz à effet de serre.
C'est pourquoi ENE se propose de développer les deux pistes suivantes .
2.1. Préciser la place du vélo
Nombreux sur le territoire de l’agglomération sont les usagers qui, dépourvus de voiture par nécessité économique ou par choix écologique, souhaiteraient pouvoir circuler à vélo en toute sécurité. Or le PDU ne propose pas de circuits dédiés à ce moyen de locomotion, ni de parkings à vélo pour les utilisateurs de deux roues .
Dans les quartiers de La Madeleine et Nétreville où la moitié des habitants n’ont pas de voiture, seuls deux parkings à vélos sont proposés ! De même les locaux à vélos et motos sont supprimés dans les programmes de résidentialisation des immeubles sociaux sans que le PDU ne s'en inquiète .
Il n’est pas non plus proposé de permettre aux usagers de la voie verte Evreux - Le Neubourg d’accéder à l’hôpital de Cambolle par un bouclage avec la voie aménagée sur le chemin des Rivières.
ENE demande que soient revus des emplacements pour stationner les vélos en sécurité (en particulier aux abords ou à l’intérieur des établissements scolaires)
ENE demande que les pistes cyclables soient de véritables couloirs de sécurité pour les cyclistes et qu’en centre ville la cohabitation avec les bus et les piétons le soit dans des zones 30 km/h.
ENE demande une école du vélo et une sensibilisation de toute la population à ce mode de transport, usagers du vélo ou non .
2.2. impulser et faciliter le covoiturage
S’il est mentionné qu’il doit être encouragé, les moyens de le faire ne sont pas mis en avant et il n'y a pas mention d’une incitation des communes de l’agglomération à le faire.
ENE propose que chaque commune de l’agglomération aménage des lieux de rencontre bien définis, faciles d’accès et de repérage (la place de la mairie, par exemple), pour que les voitures soient laissées en sécurité avant que les usagers ne se regroupent dans d’autres véhicules ou des transports en commun. .
La volonté d' information montrant la recherche d’une cohérence au sein de l’agglomération (information des habitants, incitation à ce qu’ils prennent les transports en commun ou fassent du covoiturage, mise en place de systèmes d’autopartage,...) n'apparait nulle part .
Pourtant, favoriser le covoiturage répondrait à toute une partie des problèmes spécifiques aux communes périphériques.
Bien que le diagnostique ne révèle pas de grosses difficultés de circulation ni de stationnement en ville, on sait que la qualité de l’air doit être améliorée ! En effet, l’ADEME pointe le nombre de cancers des voies respiratoires de 14% supérieurs en nombre à la moyenne nationale. D’où la préconisation de la réduction du trafic en conformité avec le plan régional de santé environnement .
Certes certains "points noirs" aux heures d’affluence sont bien étudiés (Faubourg Saint-Léger, RN 13 à l’est et RN 13 à l’ouest ) mais un axe important a été oublié: entre les deux ronds-points sur la 154 pour les usagers venant de la région de Damville en particulier.
Là encore, un covoiturage bien organisé réduirait les bouchons le matin et le soir puisque sont concernés surtout les trajets domicile-travail, domicile établissements scolaires.
3- Les pôles multimodaux ne sont pas assortis d'objectifs d'efficacité
Le seul pôle d’échange déjà existant est seulement mentionné mais aucun détail ne permet d'évaluer son efficacité actuelle et encore moins les objectifs qu'il doit atteindre.
Ce PDU ignore (!) les mutations de la ville où 2/3 du chiffre d’affaire du commerce ébroïcien se fait sur la zone commerciale "Carrefour", où 1/10 du trafic du centre ville est transféré vers l’hôpital de Cambolle. Ne pas profiter de ces nouvelles situations pour faire de ces lieux des plates-formes d’échange de transport multimodal (covoiturage, parking de dissuasion, arrêts de bus, arrêt de la ligne rapide de car Evreux-Rouen) serait une grave erreur .
ENE propose que ces endroits soient véritablement étudiés pour en faire des pôles efficaces de convergence des différents modes de déplacement.
4- Cheminements à pied
La synthèse du diagnostique «marche à pied» pointe «les carences en espaces dédiés en qualité comme en quantité, le PDU doit exprimer clairement la nécessité de ce mode de déplacement dans les aménagements»
Ce constat n’ouvre sur aucun projet, rien n’est envisagé.
ENE propose que l’on revienne sur ce problème en examinant les cheminements faciles à aménager pour des trajets entre la gare, le centre ville, la Madeleine où les déplacements sont les plus importants.
ENE demande une amélioration de l’accès piétons à la gare SNCF boulevard Gambetta pour une plus grande sécurité comme cela est fait au niveau du boulevard Modeste Leroy/boulevard des Cités Unies où il est possible de traverser en toute sécurité.
ENE demande aussi que les trottoirs soient des espaces vraiment réservés aux piétons et déplacements de personnes à mobilité difficile dont la marche ne doit pas être entravée par des poteaux de toute sorte, ou des revêtements dégradés.
Cela implique sans doute que les conducteurs de voitures qui stationnent sur ces trottoirs en soient dissuadés ou sanctionnés.
5-Les bus
Si l’analyse de l’existant est intéressante, aucune amélioration n’est proposée.
Les lignes sont compliquées et les changements nombreux dès que l’on veut aller d’un quartier à l’autre.
Actuellement toutes les lignes desservent bien le centre ville mais ce n'est pas le cas pour les liaisons entre les quartiers.
Et surtout une véritable politique de transports en commun ne peut être réussie que si la fréquence des passages est assez grande pour être une alternative réelle au réflexe individualiste de "prendre sa voiture" .
ENE rappelle aussi que les trajets des bus doivent tenir compte des horaires de la SNCF, notamment pour les trains les plus utilisés .
6- Déficience et handicap
Alors que la ville a une longue tradition d’établissements accueillant des personnes handicapées, tradition renforcée par les implantations récentes et le vieillissement de la population, le PDU se contente d'énumérer des chiffres, et de définir les divers handicaps. Cela n’a que peu d’intérêt dans ce document .
ENE insiste sur la nécessité d’améliorer l’accessibilité des transports en commun aux personnes à mobilité réduite et autres déficiences mais déplore que rien ne soit précisé pour le faire en continuité avec les lieux de déplacements de ces mêmes personnes .
En conclusion :
- Faute d’une réactualisation réaliste de l'ensemble des évolutions de la ville et de l'agglomération , ce PDU omet des propositions essentielles pour notre ville qui accueille une population ouverte soit par choix, soit par nécessité à des modes de déplacements autres que la voiture individuelle.
- Faute d’une analyse objective, en particulier celle des capacités de financement des collectivités, ce PDU ne propose pas les choix politiques qui s’imposent entre le financement d’infrastructures routières lourdes et celui d’autres solutions pour d’autres modes de déplacement.
Ainsi, ce PDU reconnait que le contournement sud ouest n’est pas la solution à tous les problèmes répartis aux quatre coins de la ville sans pourtant remettre en question ce projet.
Pire que cela, alors que le PDU pointe le fait que cette deux fois deux voies traverserait une zone de captage en son périmètre rapproché (illustration 42 page 61), on peut y lire que cela n’aurait pas d’impact sur la qualité environnementale ni sur le paysage alors que les quatre piliers principaux faisant d'Evreux la deuxième ville verte de France seront impactés:
- la forêt de la Madeleine
- Le champ captant de Chenappeville
- l’hippodrome
- la Queue d’hirondelle derrière le centre hospitalier spécialisé
En conséquence :
sur tous ces points précis (économies d’énergie, qualité de la vie des administrés par l’utilisation de modes de transports moins stressants et moins polluants que la voiture, impacts paysager, environnementaux, qualité de l’air, réduction des gaz à effet de serre, etc.) , ce PDU, en l'état où nous l'avons étudié, est appuyé sur des bases notoirement incomplètes, parfois obsolètes, souvent peu conformes à la réalité de 2011 .
Pour Evreux Nature Environnement , un avis négatif à l’approbation du PDU d’agglomération du Grand Evreux dans sa forme actuelle serait motivé par l’absence de propositions permettant d’atteindre les objectifs d’un plan de déplacement urbain cohérent avec les objectifs et recommandations actuelles et la préparation de la ville de demain au sein de son agglomération .
Associations: