Evreux Nature Environnement

Journée de sensibilisation en faveur de la réduction du gaspillage alimentaire

Jeudi 30 juin 2011, CNFPT, Dijon (compte rendu à partir de notes transmises par un participant)

CONFERENCE :

Gaspillages alimentaires : quels enjeux pour la planète ? Amandine LEBRETON, responsable du

programme Alimentation de la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH)

La FAO prévoit 9 milliards d’habitants sur la planète en 2050 quelles agricultures, quelle pêche et quels systèmes alimentaires voulons-nous ?

Sachant que l’équation est la suivante :

Production P= consommation alimentaire (1)+ consommation autres usages (2) + gaspillage(3)

Sachant que (1)et (2)vont très probablement augmenter et qu’on ne pourra pas augmenter la production P

indéfiniment, il va falloir diminuer (3) . D’autant que vu la perte de fertilité des sols et la diminution des stocks de Phosphate et Potassium, la possibilité de continuer à augmenter la production mondiale avec les

techniques culturales majoritaires actuellement est remise en cause.

Les enjeux sont multiples :

qualité de l’eau (nitrates, pesticides) – « L’Agence de l’eau paye 1,8 fois plus pour réparer les dégâts que

pour les prévenir » (Cour des comptes 2010)

biodiversité – problèmes d’indicateurs évoqués – disparition de 30 % d’espèces d’oiseaux dans les espaces agricoles – biodiversité alimentaire également « 90 % de l’alimentation mondiale est constituée seulement de 8 espèces animales et 15 espèces végétales » (FAO)

Gaz à Effet de Serre GES liés à l'alimentation = 1/3 GES liés à l'agriculture = 1/5 GES totaux

dégradation des sols.

Gaspillage alimentaire : plus de pertes en amont au Sud (production, distribution) et en aval au Nord (consommation).

Etude réalisée en Grande Bretagne : réduire le gaspillage alimentaire de moitié correspondrait à supprimer une voiture sur cinq (en termes de GES).

pistes d’actions préconisées (au Nord) :

FAO = favoriser les circuits courts car moins de critères d’homogénéité des produits ;

ADEME = refaire le lien entre alimentation et paysages / territoires pour que les gens réalisent les impacts.

Il faut considérer un cercle vertueux : moins de pertes → gains économiques → possibilité d’acheter de meilleurs produits (plus de bio par exemple).

Un partenaire est cité : EcoScience Provence http://www.ecoscienceprovence.com/circuits_economiques_court

ECHANGES d' EXPERIENCES

1-Comment valoriser et réduire les déchets à la cantine ? - Véronique BADET, Service Maîtrise de

l’énergie et des déchets (CG71) et Marie-France DE GUISA, gestionnaire, collège Saint-Exupéry (Mâcon)

Restes de légumes, de viande, de fruits, de pain… Plutôt que de les brûler dans un incinérateur, pourquoi ne pas chercher à les valoriser sous forme de compost ? C’est ce qui est fait au restaurant scolaire du collège depuis 2008 en partenariat étroit avec l’équipe du service déchets du Conseil général de Saône-et-Loire.

Le diaporama est disponible ici :

http://www.cg71.fr/jahia/webdav/site/internet_cg71_v2/shared/03_missions/03_engagementdurable/01_Protection_environnement/02_Dechets/compostage au collège saint exupéry.pdf

Le compost est riche en Nitrates grâce aux restes de viande, il est donc plus perçu comme un véritable engrais par le personnel qui l’utilise.

Le projet était un projet pilote, une sorte de test en grandeur réelle . Il a été bien au delà des attentes , notamment en recueillant l'adhésion de tous les acteurs du collège .

Ce projet n’avait pas pour vocation d’être rentable . Cet aspect mérite donc particulièrement observation et critique.

De grandes difficultés ont vu le jour au CG 71 entre la Direction de l’Environnement et la Direction de

l’Education, suite à d’importantes divergences de point de vue dans ce dossier. Un arbitrage politique a

même été demandé.

2-Limiter le gaspillage en pratiquant la pesée des déchets - Gilles PEROLE, Maire adjoint de Mouans-Sartoux, délégué à l'enfance et à l'éducation (06)

La commune de Mouans-Sartoux propose une restauration municipale respectueuse de la santé et de l’environnement. La création d’une régie municipale agricole, la mise en place d’un marché alimentaire attribué sur des critères prenant en compte la qualité des produits et le mode de production, ainsi que la diminution de 75 % des restes alimentaires permettent de proposer 73 % de produits bio à coût maitrisé.

Une fiche récapitulative est disponible ici :

http://www.mouans-sartoux.net/!mouans/telechargement/FICHE agriculture biologique INITIATIVE Mouans Sartoux.pdf

Cette commune a développé le bio en restauration collective pour une meilleure santé des enfants et une meilleure qualité environnementale . Cela s'est fait progressivement : d’abord le boeuf (1999), puis le pain (2008), pommes salades laitages (2009), patates carottes pâtes céréales compotes (2010), tous fruits, légumes laitages et presque toute l’épicerie (2011), l’objectif est de 100 % bio en 2012 .

La pondération demandée pour l’appel d’offre était :

- qualité 40 % (traçabilité, délais de livraisons pour produits frais et fourniture d’un cahier d’exploitation) ;

- respect de l’environnement 30 %

- prix 30 %.

Cet appel n’a pas permis de favoriser les produits locaux car l’offre est très faible près de Cannes mais ils ont pu découvrir que travailler en bonne intelligence avec des fournisseurs spécialistes peut faciliter la tâche tout en permettant un approvisionnement adapté en produits AB.

Pour le maraîchage , une exploitation a été créée avec un emploi pour une agricultrice .

Cela concerne 3 groupes scolaires et 1 seul économat, qui permet une meilleure gestion des réserves .

Peser les déchets (action de sensibilisation ) a permis de les réduire de 75 % .

Pour les entrées il y a toujours 2 tailles de ramequins différentes, avec un saladier de supplément à côté .

Les plats chauds sont servis en discussion avec les enfants (discussion sur la quantité, et incitation à goûter un peu de ce qu’ils ne connaissent pas) .

On constate qu'il n’y a plus aucun déchet de laitages ou desserts car ils sont tous servis en salle par les animateurs et en petites portions (quarts de pommes par exemple, ou bien une louche de yaourt avec une cuillère de confiture, tout est dans des seaux, saladiers ou bols) . Les enfants peuvent bien sûr se resservir .

Réduire drastiquement les déchets permet d’avoir plus d’argent pour augmenter la part de bio tout en limitant

le coût matière (1,82 € en 2011) .

Gilles PEROLE termine sur ces 2 remarques :

- « faire manger des fèves à des enfants ce n’est pas facile, mais quand les enfants ont semé, vu grandir et

récolté ces fèves c’est nettement plus simple » !

- « nous faisons tout notre possible à Mouans-Sartoux pour maintenir les services publics, et notamment sur

l’eau . Avec les bénéfices que nous dégageons nous avons pu déjà permettre à 3 villages d’Afrique d’accéder à l’eau potable. »