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Une petite histoire de PELLETS ou LE MONDE ENCHANTÉ DES GRANULÉS DE BOIS
J’ai pu rencontrer le conducteur de la machine de coupe de bois que je décrivais dans l'article du 30 Juin 2022.
Il m’a appris que cette « abatteuse » était destinée à tronçonner des arbres pour fabriquer des pellets. Les coupes sont effectuées en lignes espacées dans une forêt dont les arbres sont relativement jeunes, puisque pour la fabrication de granulés, les troncs ne doivent pas dépasser une trentaine de centimètres.
Hormis la destruction des paysages, et le fait qu’on coupe maintenant en pleine sève, quid de la faune installée dans ces espaces ?
Je me suis donc intéressé de plus près à l’intérêt de ce mode chauffage tant vanté, et subventionné par nos instances départementales ou régionales.
Lorsqu’on parcourt les nombreux sites qui y sont consacrés, on découvre un monde de rêve où l’empreinte carbone est négligeable et où la forêt ne peut que profiter de son « entretien ».
Je ne tenterai pas ici une comparaison des divers modes actuels de chauffage, ce travail difficile et dépendant de tant de paramètres (et comment les pondérer?) a certainement déjà été effectué et est facilement consultable en ligne.
Ce qui m’intéresse, pour ce moyen de chauffage qui semble plutôt rentable,
est de déterminer son impact écologique :
quelle quantité d’énergie est-il nécessaire d’apporter, pour réaliser ces granulés au cours de toutes les phases ci-dessous?
Les études que j’ai trouvées, ne portent que sur la rentabilité économique.
Chaîne de production schématisée :
Coupe Débardage Transport Broyage Séchage Pressage Pellet
Partons du granulé ou plutôt d’une tonne de celui-ci :
1t de pellets fournit 4,6 MWh, ce que fournissent aussi 500 litres de mazout.
1- Pour fabriquer cette tonne de granulés il faut environ 2,7 stères de bois soit 1,9 m³. D’après le conducteur de l’abatteuse, en une journée, sa machine coupe un maximum de 9 m³ (soit 13 stères ) de bois, sur 1 à 1,5 ha, en consommant 300 L de gasoil. Pour couper nos 2,7 stères il faut donc brûler 62 L de gasoil, soit un bon 12% de l’énergie fournie par nos granulés.
2- L’opération de regroupement des troncs avant chargement dans les camions, est effectuée par un « porteur » ou « débardeuse ».
Ce genre d’engin consomme environ 20 L de gasoil à l’heure. Le rendement est difficile à évaluer car il dépend de la configuration du terrain, de la dimension et de la diversité des troncs. Plus ils sont petits et non homogènes, plus le temps est long. Il faut prendre en compte aussi la distance de l’aire de stockage. L’ordre de grandeur retenu en général est : 15 à 30 stères/jour.Ce qui donne environ une quarantaine de litres pour nos 2,7 stères soit 8 % de ce que fourniront nos pellets.
3- Transport : si l’usine de transformation n’est pas trop éloignée (la moyenne semble d’environ 200 km) on négligera la consommation du camion pour un volume de 2,7 stères qui ne représente qu’une portion du chargement, un camion grumier transportant 40m³ et consommant 40 L/100km, soit 80 L. Nos 1,9 m³ consomment environ 4 L, soit moins de 1%.
4- Broyage : la consommation énergétique dépend dans une proportion importante de l’humidité du bois. Anhydre, il demande de 10 à 30 kWh par tonne. Un peu plus humide, la valeur est comprise entre 20 et 60 kWh par tonne. Les bois tendres pèsent 750 kg par stère. Pour nos 2,7 stères on broie donc 2 tonnes, ce qui donne un ordre de grandeur de quelques litres d’équivalent gasoil. Négligeable donc !
5- Le séchage : il faut environ 110kW pour sécher 500kg de bois en une heure. Ce qui donne 220 kWh pour notre tonne. En équivalent mazout on obtient environ 25 litres. Soit 5%.
6- Le pressage est une opération demandant peu d’énergie par rapport aux postes précédents.
Au final, on consomme environ 25 à 30 % de l’énergie que peut fournir le pellet tout au long de sa chaîne de fabrication.
Ces valeurs correspondent aux données fournies sur certains sites,
sauf sur ceux faisant partie de la chaîne de production de ces granulés.
Exemple avec cette courbe donnant une valeur d'environ 6% :
En y regardant de plus près, on constate que le poste « séchage » n’est pas pris en compte !
L’explication qu’on ne découvre qu’en parcourant les sites dédiés, est que généralement pour les fabricants, l’énergie du séchage est fournie par du bois. Ils ne la comptent pas car elle est écologique! Ce qui pour l’intérêt des forêts, est un argument contestable.
Et même en ôtant le séchage il y a, à mon sens une large sous-estimation.
En conclusion :
Tous les autres systèmes de chauffage ont le même problème de rendement bien entendu. Mais les granulés, qui au départ permettaient de valoriser les déchets de scieries, sont devenus maintenant une source supplémentaires de destruction de la forêt et de ses habitants.
Et là, perdre 25 % de bois, ne me paraît pas très recevable !
JL Pillet
Ressources documentaires principales :
https://orbi.uliege.be/handle/2268/150076
https://popups.uliege.be/1780-4507/index.php?id=7600
https://www.zerocombustible.fr/illusions-bois-energie/
https://www.oekofen.com/fr-fr/blog-fabrication-granule-de-bois/
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/D%C3 A9bardagehttps://www.bioenergie-promotion.fr/52324/lesechage-du-bois-energie-a-considerablement-besoin-de-la-chaleur/ https://www.google.com/amp/s/www.picbleu.fr/page/equivalence-energetique-des-combustiblesenergies-chauffage.amp
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