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LE PROJET DE 1998
De 1945 à 1975 Evreux connait une pleine prospérité. Les élus consacrent l’essentiel de leurs efforts au développement des zones d’activités, d’habitats à proximité des entreprises, d’associations sportives et culturelles, des écoles et lycées.(1)
L'ouverture de l'autoroute de l'Ouest dans les années 60/70 détourne le flux des parisiens.
La Déviation d'Evreux , c'est cette autoroute !
Pourtant en 1975 le plan routier national maintient un axe voie rapide Paris-Caen passant par Évreux. C'était fréquent à l'époque de doubler les autoroutes !...
De 1975 à 1995, voilà que l’axe Louviers Nonancourt (RN 154) à l’est de Nétreville est jugé prioritaire. A cette période Evreux est prise pour modèle !
Alors qu'en 1976/77 sont déjà contestées les rocades routières à 4 voies, Evreux se prend à en rêver dans la perspective d'une population de 100 000 habitants en 2000, avec des trafics tout autant surréalistes. Dès 1982, le SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme) remet en cause l’essentiel de ce développement imaginaire.
En 1998 sans tenir compte des dix années de lutte de l’AUFEE (proposition alternative, visites guidées sur le terrain, déplacements en forêt de Saint-Germain elle-même victime de l’A14(2), mémoires portés à la connaissance du public) l’enquête d’utilité publique est ouverte.
Les amateurs de détails trouveront leur miel dans la lecture de ce dossier d’enquête publique. Nous le disons parce que nous-mêmes l’avons fait (3) de même que nous avons relu attentivement les coupures de presse et les écrits des spécialistes tels que Jean Boudesseul, Guy Ribière et Henri Mathieu (4)
Nous n’avons trouvé aucune réponse convaincante à quatre questions pourtant importantes :
- Qu’est-ce qui a été fait pour éviter de faire une déviation ?
- Pourquoi contourner par le Sud et pas par le Nord ?
- Pourquoi 110 km/h ?
- Sans les camions, que deviennent les nuisances ?
1- EVITER ?
Une déviation, c’est un équipement coûteux, dont la réalisation nécessite plusieurs années et qu’il faut ensuite entretenir. Pas un critère de standing tel que l’évoque le bulletin municipal d’Avril 1998 qui vulgarise l’idée fausse qu’ « … Evreux figure parmi les dernières préfectures à se doter d’une rocade complète … »
Avant d’investir lourdement, quelles mesures ont été prises au niveau des entreprises et des administrations pour éviter que tout le monde commence et finisse son travail à la même heure ?
Pourquoi les transporteurs, qui se sont tous installés à l’Est d’Evreux, veulent-ils que leurs camions aient maintenant accès à l’Ouest ?
Pour ne pas aller jusqu’à l’autoroute payante ?
Pourquoi aussi peu d’améliorations de la voirie et des itinéraires ces dernières années ? Parce que ça n’était pas la peine puisque la déviation etc. ?
2- POURQUOI PAS PAR LE NORD ?
Même longueur qu’au Sud pour rejoindre Parville .
Captages d’eau au Sud, pas au Nord. Franchissement de l’Iton plus facile au Nord. Forêt privée et de moindre qualité au Nord, contre une forêt appartenant à la collectivité au Sud (depuis ces forêts sont classées en forêts de protection) (5)
Alors !… Pourquoi s’obstiner à faire passer cette déviation au Sud ? Pourquoi, lors de l’enquête publique a-t-on un simulacre de choix avec des études superficielles et même des chiffres erronés quant aux trafics et coûts pour imposer le tracé sud ?
On ne peut même pas dire que le choix s'est porté sur le Sud à cause d'un coût moindre, puisque c'était exactement l'inverse : 534,4 MF par le Sud contre 509,7 MF largement surestimés par le Nord (6) et même 798 contre 509,7 MF en tenant compte du coût du déplacement des captages d'eau.
Et pourquoi rien sur l’eau ? (7)
3 - POURQUOI 110 km/h ?
N’est-il pas bizarre de vouloir mêler un flux de véhicules citadins, roulant à 50 km/h, avec un flux autoroutier Paris-Caen arrivant à 110km/h . C’est même dangereux et les ingénieurs de l’Equipement sont les premiers à le savoir.
A moins de 110 km/h on n’avait plus besoin de 4 voies, d’échangeurs coûteux, de clôtures et de passerelles, et cela devenait alors une déviation moins prestigieuse, et moins chère.
N’oublions pas qu’à l’époque les administrations techniques bénéficiaient de primes basées sur le montant des chantiers. (8)
Mais quand même, ça fera drôle de rouler à 90 km/h sous l'œil de lynx des radars depuis Chaufour, puis d’accélérer pour contourner Evreux, et de revenir à 90 km/h après Parville.
Enfin, si ça permet de dépenser un peu plus d’argent !…Et puis, une fois la déviation réalisée au prix fort pour110 km/h on pourra toujours la limiter à 70 km/h !
4 - LES CAMIONS
Les voitures parisiennes passent et continueront de passer par l’autoroute.
Les voitures d’Evreux et des alentours, une fois la route Potier rétablie sous le nouveau pont-rail et l’aménagement de quelques « points noirs », ne créeront plus de problèmes non plus.
Restent les camions qui passent par Evreux pour économiser le péage!…
L’administration n’a trouvé qu’un seul remède aux nuisances des camions : construire une déviation !
Enfin, réduire le projet de 1998 à ces quatre aspects, sur lesquels il est très insatisfaisant ou muet, cela peut vous sembler insatisfaisant aussi. C’est pourquoi nous vous conseillons vivement de lire attentivement les notes et les annexes de cette publication.
Et d'éventuellement la compléter, et même la contester ...
Notes :
- Livre de Pierre Gaudez « Evreux Ville » modèle et celui de Michel Michel « développement des villes moyennes Chartres, Dreux, Evreux » publication de la Sorbonne
- L’A14 devait couper la forêt et passer devant la terrasse du château de Saint-Germain en Laye. Mme Vanier maire-ajointe de cette ville s’est battue avec son association contre le maire Michel Péricard journaliste à la télévision qui faisait une émission « La France défigurée ». Le président Mitterrand est allé sur les lieux et a décidé de tout faire passer en tunnel pour protéger forêt et terrasse du château. L’AUFEE est allée à St-Germain rencontrer Mme Vanier et l’a fait venir pour une conférence afin qu’elle explique son combat et que l’AUFEE s’en inspire..
- Jean Boudesseul dessinateur à la DDE, Guy Ribière au service de la reconstruction DDE puis à la SEMEDE (Société d’Economie Mixte de l’Eure, Henri Mathieu Polytechnicien Inspecteur général DDE
- dossier d’enquête publique 1998 consultable aux archives de la préfecture
- voir contre-projet AUFEE 1992 et sa contribution au registre d’enquête de 1998
- voir les conclusions de la Commission d'Enquête, en 1998
- Voir document « Ce que je sais » de Jacques Caron (contact ENE)
- Pratiques abandonnées sous Jospin en les années 2000